Grenelle de l'éducation
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Elargissement de l'accès à la classe exceptionnelle des agrégés
Je salue la création - bien tardive- d'une classe exceptionnelle pour les agrégés , mais les conditions dans lesquelles on peut y accéder me semblent très insuffisantes , et ne contribuent sûrement pas à l'attractivité du métier d'enseignant.
1) Le nombre de professeurs susceptibles de passer en classe exceptionnelle est très restreint . Personnellement, je suis passée il y a dix ans à la Hors-classe ; si je n'obtiens pas la classe exceptionnelle, je travaillerai les 15 dernières années de ma carrière sans aucune augmentation de mon salaire ! Quel cadre d'entreprise continuerait-il à être motivé si on lui demandait de travailler les 15 dernières années sans un centime de plus sur sa fiche de paie ? Il faut avoir la vocation bien chevillée au corps pour continuer à donner le meilleur de soi-même dans de telles conditions !
2) Les critères très restrictifs permettant d'accéder au premier vivier laissent sur le bas-côté beaucoup de professeurs méritants qui - monnaie courante dans l'Education Nationale- ne se sentent pas reconnus dans leur engagement- exceptionnel , puisque c'est de cela qu'il s'agit- pour leurs élèves tout au long de leur carrière : personnellement- c'est le cas que je connais le mieux-, j'ai enseigné 7 ans en zone sensible ... pas assez apparemment pour obtenir une reconnaissance de mon institution ! En revanche, j'ai organisé pendant toute ma carrière des échanges franco-allemands pour permettre à mes élèves une immersion dans une famille allemande : jamais je n'ai été rémunérée malgré les dizaines d'heures passées à la préparation chaque année , la responsabilité de jeunes à l'étranger, l'hébergement chez moi de mes collègues allemands, la difficulté de trouver une prise en charge pour mes enfants lors de mes séjours en Allemagne . J'organisais jusqu'à deux voyages par an lorsque j'ai eu la responsabilité d'une classe européenne : là non plus aucune reconnaissance pour ces cours supplémentaires à préparer, les heures de concertation avec ma collègue de DNL et mes collègues de collège , les heures à inciter les élèves de primaire et de collège à tenter l'aventure ... Pourquoi l'organisation d'échanges pendant plus de trente ans n'est-il en rien reconnu comme un critère favorisant l'accès à la classe exceptionnelle ?
3) Ce qui est navrant et ressenti comme profondément injuste, est le fait que tout ce que l'on a pu faire pour ses élèves en plus de ses fonctions normales , et de manière bénévole , ne soit pas non plus reconnu dans le cadre du second vivier . On peut légitimement se demander si nos parcours sont réellement étudiés et valorisés , et si ce n'est pas uniquement pour qu'un professeur reste six mois de plus qu'on lui accorde in extremis la classe exceptionnelle , quel que soit son investissement au service de ses élèves , de sa matière , du service public d'éducation.
Je pense que la vraie reconnaissance - et particulièrement en espèces sonnantes et trébuchantes- de l'engagement de toute une vie servirait beaucoup l'attractivité du métier d'enseignant . Personnellement, je ne conseillerais pas à des jeunes d'embrasser une carrière où l'on est si mal traité par son institution .
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