Grenelle de l'éducation
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La revalorisation de la fonction de conseiller pédagogique 1er degré
Je lis les compte-rendus des ateliers du Grenelle et nulle part je vois qu’on parle du métier de conseiller pédagogique du 1er degré ! La profession de conseiller pédagogique souffre d’un tel manque de reconnaissance professionnelle que je me permets de tirer la sonnette d’alarme. Je suis conseiller pédagogique en circonscription (CPC) depuis 15 ans et je constate que la fonction est toujours aussi peu considérée. C'est pour moi un véritable scandale. Le métier de CPC est très complexe. Il demande une très haute expertise qui demande à être entretenue en permanence et une disponibilité professionnelle qui entraîne un investissement en temps considérable (je dois tourner à des moyennes de 50 heures/semaine). Le conseiller pédagogique est un rouage essentiel dans une circonscription. Il fait le tampon entre le terrain et la hiérarchie, l’administration…Il évite au quotidien que la machine explose, que les collègues craquent…Il réalise un travail qui peut passer pour « invisible » aux yeux de l’administration car il n’est pas face aux élèves. Il a un statut de PE…Il ne touche pas l’ISAE, il a juste une NBI de 27 points et une indemnité de fonction ridicule au regard de sa compétence professionnelle…
Or ce métier de CPC demande un investissement professionnel énorme pour réussir à assurer la formation des enseignants de la circonscription et épauler l'inspecteur sur toutes sortes de dossiers (administratif, sécurité, enquêtes en tout genre, scolarisation à domicile...) qui sont d’ailleurs de plus en plus éloignés du terrain et qui dépassent son cadre de travail de spécialiste de la pédagogie. L’institution a pris l’habitude de nous utiliser comme des couteaux suisses, personne à tout faire sur la circonscription, submergée par un tourbillon de multitâches permanent qui crée une sensation de frustration et un mal-être au travail. Les CPC représentent peu de monde au regard de la masse des enseignants, des directeurs d’écoles, ils ne font pas de bruit, ils sont peu syndiqués, ils sont des bons soldats, dévoués mais à un moment, il faut regarder la réalité en face.
On peut affirmer que le corps "invisible" des conseillers pédagogiques est en grande souffrance. Par manque de temps du fait de l'éparpillement de ses tâches, le conseiller pédagogique n'a pas les moyens de correctement accompagner les enseignants qui ont pourtant un grand besoin de formation. Or il est un expert reconnu par l'administration avec la nécessité d'obtenir un examen très difficile le CAFIPEMF pour exercer. Comment se fait-il alors qu'un conseiller pédagogique soit moins bien rémunéré qu'un directeur d'école ? Comment se fait-il alors qu’il a toujours le statut de professeur des écoles, il soit exclu de l'ISAE, qu’il est été écarté des dernières revalorisations et indemnités attribuées aux professeurs des écoles ?
Ce manque de reconnaissance pour nous qui sommes les chevilles ouvrières de la formation est totalement contre-productif. Nous sommes des passionnés de la pédagogie, nous aimons notre travail et souhaitons pouvoir l’exercer correctement. Alors que nous nous investissons sans compter pour soutenir la mise en oeuvre des plans mathématique et français, priorité actuelle du ministère, il faut savoir que comme tous mes collègues, je fais le dramatique constat que l’ajout chaque année de tâches administratives et de nouvelles missions, alourdit considérablement ma charge de travail et impacte directement la qualité de mes missions premières à savoir l'accompagnement pédagogique des maîtres et des équipes d'école et la formation continue des enseignants.
Le métier de formateur demande une telle expertise que la logique voudrait que cela se traduise aussi en une rémunération financière à la hauteur. Pourquoi un CPC lorsqu’il quitte un poste de directeur ou un poste de REP+ subit une perte de salaire ? Résultat pour compenser cette aberration salariale : nombreux CPC se lassent de cette non-reconnaissance : ils retournent sur des postes de directeur (pour une pression qui est si elle est aussi réelle n’est pas éloignée de ce qu’ils ont connu comme CPC pour une reconnaissance moindre) ou alors ils décident de changer de métier pour des postes d’encadrement (IEN, encadrant du 2nd degré) qui, contrairement au métier de CPC, leur offre une reconnaissance financière qui leur permet d’accepter plus logiquement la pression du métier déjà subi en tant que CPC.
Je sollicite votre intervention afin d’obtenir :
- une redéfinition de notre métier qui doit absolument nous permettre de former véritablement les professeurs et permettre d’améliorer leurs pratiques professionnelles et par ricochet d’améliorer les apprentissages de leurs élèves. Si on veut améliorer les résultats de nos élèves, il faut remettre la FORMATION au premier plan. Les conseillers pédagogiques sont tout à fait en capacité de réussir ce pari. Actuellement, ils font ce qu’ils peuvent avec la meilleure volonté du monde mais dans un contexte terriblement dégradé du fait de la multiplication des tâches qu’ils se retrouvent contraints de faire pour répondre aux sollicitations dans tous les sens de l’administration.
- une priorisation de nos missions en allégeant le cadre défini par la circulaire de juin 2015 qui est trop vaste et disperse le travail des conseillers ;
- une meilleure reconnaissance de notre expertise professionnelle qui doit se traduire par une juste revalorisation financière de la fonction.
- un juste défraiement des trajets effectués.
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