Grenelle de l'éducation
Espace dédié à l'expression
La revalorisation implique une transformation en quatre piliers.
Les problématiques ne sont pas mystérieuses, ni nouvelles. Les insuffisances sont à la fois profondes, anciennes et malgré le constat de plusieurs ministres (de M. Darcos à M. Blanquer), les enseignants et l'ensemble de la communauté éducative ne sont pas correctement rémunérés. La revalorisation par la rémunération doit se faire par quatre piliers complémentaires :
- Le premier est une reconstruction des carrières des enseignants et assimilés prenant en compte à la fois ce qui se fait à l'étranger (progression à un rythme plus rapide en début de carrière, plus lent en fin de carrière, et non l'inverse comme actuellement) et ce qui se fait dans le reste de la fonction publique. Le passage à un grade supérieur par l'examen professionnel est plus simple dans le reste de la fonction publique. L'agrégation interne ou par liste d'aptitude ne touche que trop peu d'enseignants, n'existent pas au premier degré, chez les documentalistes ou les CPE. Le PPCR a acté une progression quasi-automatique mais cela reste différent du reste de la fonction publique, automatique et plus rapide. On doit encourager aussi les passerelles pour changer de carrière.
Spécifiquement, il faut clarifier le rôle des profs docs, au moins du côté de l'administration et du ministère. Pour nous, enseignants, on a peu de doute sur leur rôle, leur nécessité d'intervenir régulièrement sans pour autant alourdir leurs fonctions de documentalistes. Leur absence des décrets de 2014 et les clarifications à minima en 2016 ne plaident pas en une reconnaissance de ce corps de l'EN.
- Le second est le rattrapage indiciaire et global (entre 50 et 100 pts d'indice en fonction de la timeline choisie) ayant fait décrocher le salaire enseignant des autres métiers bac +5. Vos interventions parlent des attachés de l'administration, c'est bien mais c'est un concours bac+3, et personnellement, j'ai un double cursus (vers l'enseignement, vers l'encadrement en FPE/FPT) et on ne saurait comparer les exigences intellectuelles pour obtenir capes ou agrégation avec un concours des IRA. Il faut donc bien comparer avec les métiers d'ingénieur, et las, force est de constater des écarts abyssaux dès les premières années. De fait, le traitement indiciaire doit nécessairement être réévalué au plus vite. 50 pts d'indice semblent beaucoup (environ 230€) mais conformes au décrochage du salaire enseignant par rapport au pouvoir d'achat moyen et au traitement des autres salaires de cadre A. 100 pts prendraient en compte un rattrapage plus global.
- Ensuite, le troisième est lié à l'individualisation des carrières chères au Ministre. Deux aspects sont à prendre en compte simultanément :
* faire en sorte que toutes les responsabilités, missions particulières soient rémunérées. Le système actuel des IMP est défectueux aux regards du décalage entre les dotations d'IMP en valeur et en quantité face aux missions obligatoires. La fonction de RUPN est incroyablement chronophage mais peu valorisée puisque les établissements doivent aussi valoriser d'autres référents ou missions. Le référent laïcité est obligatoire mais ne bénéficie d'aucune IMP obligatoire. Souvent, un établissement doit partager entre 4 et 5 IMP pour 6-7-8 missions méritant, à minima, une IMP. 1250€ par an, ce n'est pas non plus une folie. Dans le secondaire, il faudra rappeler que les heures supplémentaires sont forfaitaires et valent moins qu'une heure poste dès le 6e échelon, il faut convenir de l'absurdité, surtout si le ministère maintient l'obligation d'accepter deux heures supplémentaires.
* ne surtout pas oublier les professeurs des écoles. Sans le savoir, ils exercent des missions qui mériteraient une prime particulière. Sinon, le décalage important entre premier et second degré, avec l'illusion de la compétence ou du prestige, demeurera.
- Finalement, il ne faut pas oublier la communauté éducative : en premier lieu, les personnels de vie scolaire, AESH et AED, dont les carrières sont inexistantes. Les PIAL semblent être des pôles RH gérés par des personnels non RH où on leur demande de précariser et déshumaniser un métier très précaire et très humain. Les AESH sont clairement dans des missions de catégorie B, or leurs rémunérations sont indigentes. Les AED doivent prendre un tournant : soit c'est un métier d'étudiants et il faut revenir au système MI-SE, soit c'est un métier et il faut le professionnaliser, arrêter avec la limite des six ans, et l'ouvrir aux primes.
Cela grèvera le budget de l'Etat ? Seul un mauvais comptable le dira. Un budget comprend recettes et dépenses : Un enseignant paie ses impôts, sa propension à consommer est forte, il aime consommer local. La vision libérale implique que ce n'est pas à l'Etat de jouer au multiplicateur keynésien, or, si l'Etat français n'assume pas un juste salaire de ses enseignants, qu'il privatise totalement l'école. Actuellement, tout le monde y perd. Les études scientifiques l'affirment : un système éducatif qui paie bien enseigne mieux.
Signaler un contenu inapproprié
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: