Grenelle de l'éducation
Espace dédié à l'expression
Reconnaissance de l'expertise professionnelle des professeurs
Arrivé dans le métier à 32 ans, j'ai accumulé auparavant de nombreuses expériences professionnelles (accompagnant des personnes en situation de handicap, éducateurs de jeunes enfants en Autriche, ouvrier agricole...) pour lesquelles l'essentiel de ma formation s'est fait grâce à l'expertise des personnes qui occupaient des postes similaires.
J'ai suivi la formation CAPPEI et obtenu la certification en juin 2019. J'étais très heureux de pouvoir bénéficier d'une formation nouvelle sur temps de travail. J'y ai rencontré des collègues travaillant sur des postes variés dans l'ASH et les échanges avec eux furent à mon sens l'essence même de la formation. Autant sur les méthodes utilisées et adaptées aux élèves que sur les outils pédagogiques ou encore la gestion de la classe et des comportements parfois complexes, j'ai grâce à ces échanges pu élargir mes connaissances en terme de réponses pédagogiques adaptées aux élèves à besoins éducatifs particuliers dont j'avais la responsabilité dans une UEE. Cela n’exclut pas le fait que j'ai aussi après grâce à certains contenus officiel de la formation.
Malheureusement, aucun temps de formation n'était prévu pour cela, aucun (ou très peu de) temps de formation n'avait comme principe de partir de notre vécu, de nos expériences et de notre expertise!
Cela a produit énormément de frustration. En effet, comment est-il possible qu'un plan de formation de 400 heures ne soit que si peu en lien avec les personnes qui viennent en formation. Je pense que cela devrait-être la norme et que cela permettrait de développer l'estime de soi et le sentiment de reconnaissance de l'expertise de chacun. Nous sommes tous des experts au sein de nos classes, dispositifs ou encore réseaux d'aides. Nous sommes capables de nous former mutuellement. Si, en plus, nous avions du temps (compris dans notre temps de travail) pour pouvoir assister librement à des des rencontres ou conférences de chercheurs pour pouvoir ouvrir de nouveaux horizons (comme le proposent souvent les syndicats par exemple), il me semble que de nombreux professeurs pourraient y trouver un bénéfice durable.
J'étais heureux de voir l'arrivée des "constellations" qui semblent aller dans cette direction mais lorsque j'ai pu en parler avec des personnes qui m'en ont expliqué l'organisation dans mon département, il se trouve que les groupes ainsi que les thèmes sont imposés . Malheureusement cela se fait sans demander l'avis des personnes concernées et au détriment du choix des autres formations. Tout le monde n'est pas prêt, immédiatement, à travailler entre pairs et à coconstruire librement.
Laissons les enseignants décider pour eux-mêmes de ce qu'ils ont besoin et tout le monde pourrait en ressortir grandi selon moi.
Actuellement remplaçant, j’apprends énormément à chaque nouvelle mission et je suis impressionné par la multitude d’organisations existantes qui semblent fonctionner pour un même niveau.
Une dernière suggestion, concernant la mise en valeur de l'expertise professionnelle, est de permettre aux professeurs en fin de carrière qui le désirent d'accueillir un enseignant en formation ou dans ses premières années d'exercice pour permettre à l'un de partager son expertise tout en bénéficiant de la motivation et l'énergie de l'autre.
J'ai l'an dernier remplacé pendant une année un collègue qui n'a pas pu terminer sa dernière année d'exercice après 15 ans d'investissement dans la structure (SEGPA) en raison d'un épuisement professionnel.
Cela devrait pouvoir être éviter mais nécessite pour cela une réelle gestion des ressources humaines.
Permettez, s'il vous plait, aux professeurs d'avoir la possibilité de mettre leur expertise professionnelle au service de leurs pairs!
Merci d'avance pour le temps accordé à cette contribution.
Signaler un contenu inapproprié
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: