Grenelle de l'éducation
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Aménagement de fin de carrière
Quand on s'est donné corps et âme à son métier, on arrive épuisé en fin de carrière. Comme de nombreux collègues de mon âge, j'aime toujours mon métier, mais j'aspire à travailler un peu moins les dernières années . La charge de travail, les contraintes de l'emploi du temps, les difficultés à intégrer les lourdeurs de réformes qui ne font plus toujours sens, deviennent un poids insurmontable, et le physique ne suit plus.
Même quand on a travaillé à temps plein toute sa carrière , il est difficile d'avoir toutes ses années à 62 ans ( Je n'ai perdu aucune année d'études, j'ai commencé à enseigner à 23 ans après l'agrégation, j'ai deux enfants, je n'ai jamais pris de temps partiel malgré un enfant gravement malade et un divorce; pourtant, je ne pourrai prendre une retraite sans décote qu'à 63 ans ).
Mais prendre un temps partiel pour mieux vivre les dernières années avant la retraite a un coût financier souvent exorbitant : comment réduire un salaire déjà à peine suffisant , surtout quand on est seul.e et que les enfants sont encore en études.
Par ailleurs, si on ne veut pas voir la retraite s'éloigner indéfiniment, il faut surcotiser , et le montant est énorme . Il ne reste presque plus rien du salaire . Et de toute façon, on n'a pas le droit de surcotiser plus de l'équivalent d'une année de travail, ce qui est fort peu, et gagnerait à être étendu.
Ma mère , professeur elle-aussi, a bénéficié de la Cessation Progressive d'Activité de l'époque, une bénédiction selon elle.
Peut-être le coût d'une telle mesure est-il trop élevé aujourd'hui, mais on pourrait envisager d'autres mesures permettant malgré tout de rendre les dernières années de carrière moins exténuantes.
Cela ferait certainement baisser le nombre de jours d'arrêt -maladie pour les plus de 55 ans, et donc serait une économie.
On pourrait permettre aux enseignants de prendre un temps partiel , par exemple jusqu'à 70% les 5 dernières années , en ne les payant que pour le temps partiel effectué, mais en comptant ces années comme des années travaillées à 100 % , donc sans surcotisation . Il s'agit d'un exemple, je pense que l'on pourrait envisager des mesures souples , qui ne soient pas , comme souvent à l'Education Nationale, du tout ou rien, mais qui, en jouant sur différentes variables, pourraient contenter le plus grand nombre.
Je pense que revaloriser le métier d'enseignant passe aussi par l'aménagement des fins de carrière, qui serait -enfin- une reconnaissance de la contribution essentielle d'une vie de professeur consacrée à l'éducation des jeunes générations.
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