Grenelle de l'éducation
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Formation continue-Témoignage de mon expérience d'une année au Québec
Je viens ici témoigner de l'organisation de la formation continue au Québec que j'ai vécue lors de mon année d'échange poste à poste en 2011-2012, car elle me semblait très respectueuse de l'autonomie et de la prise en compte des besoins individuels, tout en favorisant la coopération.
Voici donc comment s'organisait la formation continue dans la commission scolaire* où j'enseignais au Québec. Dix journées par an étaient consacrées à la formation, à raison d'une par mois environ. Ces journées avaient lieu sur le temps scolaire, les élèves étaient alors pris en charge par les services périscolaires. Ces temps de formation prenaient diverses formes:
-conférence obligatoire sur un élément à transmettre à tous les personnels
-propositions de formation émises par la commission scolaire avec liberté d'inscription selon l'intérêt pour le sujet
-initiation par des membres de l'équipe d'école d'un thème d'auto-formation, avec support d'un conseiller pédagogique au besoin
-journée libre sur le site de l'école, pour avancer seul ou en équipe sur son travail de classe: mise en place de projet, rencontre de parent, planification, correction d'évaluation
Le directeur était garant de la présence des enseignants.
Cette organisation donne de la responsabilité aux enseignants face à leur formation, et favorise l'initiative et les partenariats. Elle témoigne de confiance de la hiérarchie, ainsi que de la compréhension de la variété des besoins. La formation est alors reçue comme un souffle et une opportunité d'améliorer sa pratique selon ses besoins. Elle reconnait que l'on puisse avoir besoin de temps supplémentaire de préparation basique (ex: début de carrière ou lorsque l'on est jeune parent). Mais elle propose également d'aller plus loin, de s'enrichir, de partager, co-construire des ressources. Ces journées n'étaient jamais considérées par les collègues comme des contraintes ou des obligations, comme cela l'est malheureusement en France quand ces moments de formation ont lieu le soir après la classe ou le mercredi. De même, pour les conseillers pédagogiques, ce temps était efficace car ils accompagnaient des groupes d'enseignants volontaires sur un axe qu'ils avaient choisi ou proposé.
Je précise néanmoins que l'organisation du temps scolaire au Québec est différent: le nombre de jours de classe est plus conséquent (5 jours par semaine, et moins de périodes de vacances) et les journées scolaires plus courtes (fin de la journée vers 15h-15h30). Le service périscolaire est plus organisé et intégré au fonctionnement des établissements et des équipes, le personnel étant embauché par la commission scolaire, et non par la municipalité.
Enfin, il nous est demandé de prendre en compte les besoins individuels des élèves et de les faire coopérer. Le système français pourrait davantage encourager ces comportements si le modèle de la formation les intégrait. L'expérience que j'ai vécue me permet de témoigner que les enseignants de mon école s'impliquaient dans leur formation car leurs besoins étaient considérés. Ces temps de formation étaient un droit que les enseignants investissaient et non un devoir subi.
*La commission scolaire est un équivalent de notre découpage en inspections, mais ces commissions sont beaucoup plus indépendantes. J'enseignais, pour ma part, dans la Commission scolaire des Découvreurs, à Québec
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