Grenelle de l'éducation
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Expérience personnelle du lycee 4.0
Nous expérimentons le lycée 4.0 depuis l'an passé dans mon établissement. Voici mes observations en tant qu'enseignante :
- passer la même année au lycée 4.0 et à la réforme du bac n'était pas un choix judicieux ; la région aurait dû attendre que nous ayons intégré la nouvelle mouture du bac pour équiper les élèves, pourquoi cette précipitation ? ;
-la liberté pédagogique : nous ne pouvons plus choisir des manuels papier , ce serait la levée des boucliers chez les parents, le coût du lycée 4.0 pour eux est nul (plus de manuels à acheter, les contribuables offrant gracieusement le matériel) donc argument économique imparable. Nous sommes implicitement condamnés à nous servir de manuels numériques....si nous faisons le choix d'un manuel. Y renoncer impliquerait un nombre accru de photocopies et une perte de temps , car certaines matières ne peuvent s'en passer, notamment les humanistes qui étudient la plupart du temps des textes longs;
- la question des ordinateurs des élèves "offerts" par la région: certains ont déjà des pannes, la batterie est vide à 14h, des micros ne fonctionnent pas, pas de place sur la table pour à la fois le matériel scolaire et l'ordinateur, pas de formation, ordinateurs livrés trop tard (avant les élèves disposaient de leur manuels papier à la rentrée même), et surtout attention de l'élève détournée (on ne sait pas toujours ce qu'ils font cachés derrière leur machine, et lorsque vous avez 35 élèves face à vous avec un ordinateur, vous ne pouvez pas tout contrôler), etc ;
- la question des manuels numériques qui ne tiennent pas leurs promesses (impossible de surligner quand on agrandit le texte par exemple); pas intuitifs, des erreurs, pas de formation pour leur utilisation, mise en route qui prend du temps, pas pratique en somme (ouvrir un livre en papier se fait en 3 secondes, la même opération avec le livre numérique et 35 élèves est beaucoup plus longue et génère davantage de mouvement dans la salle) ; les licences arrivées tard, trop tard (au bout de la 3ème semaine seulement pour une de mes classes de spécialité, je n'ai pas arrêté de photocopier pendant tout ce temps, quelle perte de temps, quelle énergie à déployer en début d'année) ;
- la question du matériel informatique à notre disposition pour faire cours dans les salles de classe, avec le manuel numérique, ou pas d'ailleurs (montrer une vidéo, une image, etc) : défaillances multiples, fréquentes (vidéo projecteur, télécommande, enceintes, câbles, ordinateur ) qui nous empêchent de travailler sereinement ;
- la question de la prise en charge de notre matériel informatique, notre outil personnel de travail quotidien (dans toutes les entreprises les employeurs équipent leurs employés) ;
-je ne m'attarderai pas sur les problèmes écologiques, sanitaires, sociétaux, engendrés par l'utilisation massive des écrans. Les effets néfastes sur les enfants et les adolescents sont légion.
Certes, il faut aller avec son temps, mais que l'on nous donne les moyens pour être des acteurs efficaces et responsables dans cette révolution numérique. Nos conditions de travail se sont réellement détériorées depuis l'introduction du numérique, j'ai le sentiment que nous sommes méprisés.
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